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La prudence ne suffit pas toujours

30 octobre 2012, 14:10pm Publié par Elza
Catégories : c'est la vie !

Je tentais difficilement de reprendre ma vie de femme en main. Le miroir me renvoyait l'image d'une femme usée par des journées remplies de devoirs, biberon, accompagnement à l'école, réveils nocturnes, coliques, tétés, récupération après l'athlétisme, sorties en maxi cosy, poésies à apprendre etc.

Je m'étais enfin dégagée une matinée pour aller chez le coiffeur. Ma mère, après avoir longtemps hésité, après avoir tiré dans tous les sens son planning chargé d'assistante familiale, pouvait finalement garder bébé pour que j'aille faire le soin mensuel de mes dreadlocks. Elle m'avait demandé à plusieurs reprises à quelle heure je serais rentrée. Je lui avais promis d'être là pour midi au plus tard, dissimulant mon anxiété de tomber sur une coiffeuse plus lente (mais plus appliquée), sur un retard dans les rendez-vous ou des embouteillages.

Non, ce n'est pas moi... Dommage

Non, ce n'est pas moi... Dommage

Ma séance de coiffure s'était déroulée à merveille. J'aime me rendre dans ce lieu calme. La déco ethnique, les vapeurs d'encens, le fond musical cool, les coiffeuses in qui adoptent une zen attitude. Elles parlent peu et doucement. Au début, grande bavarde que je suis, j'étais frustrée de restée là, deux heures, entourées de femmes, sans que les papotages, rires et autres cancans fusent... Puis, avec le temps, j'ai appris à apprécier ce moment de tranquilité, je le considère maintenant comme mien.

Je suis passée à l'heure avec une coiffeuse rapide. Contente de mon avance, sur le chemin du retour, je prévoyais mentalement de faire un arrêt au super marché pour prendre quelques commissions avant de récupérer mon bébé et laisser ma mère vaquer à ses occupations.

La prudence ne suffit pas toujours

Concentrée sur ma conduite, je porte à peine attention au paysage ensoleillé qui défile par la fenêtre. Je suis un fourgon, un peu frustrée de ne pas bien voir au delà de celui-ci. Ses feux stoppent clignotent pour s'allumer fixement. Il s'arrête. Nous sommes sur une ligne droite à double sens, bien dégagée. Il y a un panneau "stop" tenu par un homme vêtu de jaune foncé : travaux d'élagage, la circulation est alternée. Je m'arrête tranquilement derrière lui.

Les routes guadeloupéennes sont pleines d'imprévues. On peut empreinter tous les jours le même trajet et tomber à chaque fois sur des ralentissements pour des raisons aussi diverses que variées : voiturettes sans permis roulant à 2 à l'heure, travaux d'élagage, accidents, gendarmes, policiers faisant la circulation (vous avez remarquez comment finalement ils ralentissent le trafic!) , arrêt pour prendre un autostoppeur, ralentissement parce que tout simplement il y a quelque chose à voir sur le bas côté et que tout le monde appuis sur le frein pour faire son pti coup de makrelage (de makrèl mot créole signifiant curieuse en beaucoup plus grossier)

Si les transports en communs étaient mieux organisés ici, je m'en contenterais.

Si les transports en communs étaient mieux organisés ici, je m'en contenterais.

Bref ! Je m'arrête en soupiran quand BOUUOUOUMMM !!!!

Ne voilà t-il pas que la voiture qui me suivait me rentre dedans à vive allure. J'ai senti mes fessesses se décoler du siège. Je suis sonnée. Je regarde dans mon rétroviseur je vois, derrière son capot déformé, un barbu à lunettes qui secoue sa tête baissée. Devant moi un jeune déscend du fourgon les sourcils froncés. Je lui dis :

- Je ne vous ai pas touché ? En regardant sa carosserie presque intacte et mon par choc quasiment nickel.

Sourcils froncés il me dit :

- Ah oui ça a touché ! Regardez : il n'y avait pas ça ici et ici... et vous aussi vous perdez même de l'eau.

Là je me retourne vers le responsable et mon interlocuteur comprend seulement maintenant que je n'y suis pour rien. L'homme a toujours la tête baissée ... Nous nous dirigeons tous les deux vers lui inquiets. Il nous regarde, l'air perdu. Le jeune ouvre de grands yeux en constant les dégats des deux véhicules. Et moi, la douleur qui bourdonne dans mon dos fait écho (voir article), je me mets à pleurer. Je pense à mes deux fils, à ma mère, à comment, il y a un instant j'étais si bien et que maintenant je me sens si désespérée. Mes nuits hâchées pèsent sur mes merfs, je comprends que la vie ne tient qu'à un fil.

La prudence ne suffit pas toujours

Nous remplissons les constats, échangeons les coordonnées. Je trouve des amis pour me ramener et contacte l'assurance. Je tombe sur une opératrice à l'accent rapeux. Je comprends qu'elle se trouve hors du département Gudaloupe lorsqu'elle m'épèle le nom d'une commune : Mornalo

- Non ! Morne à l'Eau

Je m'oblige à articuler pour ne pas avoir à répéter. Lutter contre mon propre accent antillais sur le Rrr m'exaspère. Je souhaite qu'elle ne me fasse pas perdre de temps, j'appelle de Guadeloupe, sur un portable et je vais sûrement être obligée de prendre un crédit auto brrr.... Cet évènement m'a mis à cran. Après les diverses incompréhension dues au décalage horaire et aux heures d'ouverture des garages, elle me demande de rappeler après avoir vu le remorqueur pour lui donner le nom du garage où la voiture sera visible par l'expert.

15 heures trente le lendemain, je suis contente d'avoir enfin pu faire tracter ma voiture au garage agréé. Il est plus de 21h en France et le service est fermé. Nous sommes vendredi. En Guadeloupe, les cabinets d'expertise sont fermés le samedi et, contacter la compagnie d'assurance équivaut à me lever aux alentours de 2h du matin. Lundi, après maintes coups de fils, tout est réglé. En attendant une somme équivalant à la valeur argus de mon véhicule (réformé selon le garagiste) je suis à pieds !